« Car la miséricorde vient de l’Éternel, et il rachètera Israël de toutes ses iniquités. »
Nos offenses contre Dieu nous blessent-elles ? Oui, autant qu'on l'aime ! C'est une loi naturelle même dans les relations publiques. Mais lorsque nous ressentons cela, « comment pouvons-nous regarder la hauteur du ciel en raison de l’abondance de nos ténèbres ? » C’est ce que confesse le roi Manassé dans sa célèbre prière : « Car j’ai péché plus que le nombre de sables de la mer ne s’est multiplié, et je ne suis pas digne de lever les yeux et de voir la hauteur du ciel à cause de ma grandeur. injustice. Je suis courbé avec de nombreuses chaînes pour ne pas relever la tête, et je n'ai pas de repos, parce que j'ai irrité ta colère et j'ai fait ce qui est mal à tes yeux. Cependant, Dieu dans la Bible est le Dieu de justice et « le Dieu du pardon ». Par conséquent, les commentateurs diffèrent en l’appelant quelque chose comme le retour du fils prodigue. Certains aiment l’appeler comme quelque chose comme le père « attentionné » et qui pardonne.
(1) Du fond des profondeurs, je t'ai crié, ô Seigneur
De quelle profondeur le psalmiste parle-t-il ici ? C'est peut-être la profondeur des mots eux-mêmes. Cela indique la nécessité de participer pleinement avec l'esprit à la prière et d'essayer de la contrôler dans le sens des mots, afin que nos prières ne viennent pas simplement des lèvres, sans conscience ni compréhension. « Celui qui ne médite pas les paroles de la prière ne recevra pas ce qu’il cherche et la colère de Dieu s’abattra sur lui. De toute votre énergie, contrôlez vos pensées avec des mots et efforcez-vous que votre prière ne devienne pas un péché » (Basile le Grand). C’est ce qu’a expliqué le prophète David : « Je vois le Seigneur devant moi à tout moment, car il est à ma droite et je ne bougerai pas. »(81). L'attention du cœur et sa capacité à comprendre le sens des paroles de la prière et à les contempler diminuent progressivement chez ceux qui sont habitués à une prière rapide et imprudente, sans ferveur. De sorte que la parole du Sauveur s’applique à eux : « En voyant, ils ne voient pas, et en entendant, ils ne comprennent pas. »(82). Chaque mot de la prière est efficace dans la mesure où nous le comprenons. Dans cette tentative, les paroles de Paul et les paroles de Jésus sont interprétées ensemble : « Priez sans cesse » et « Ne répétez pas la prière en vain ».
Les profondeurs ici, après la profondeur des mots, sont les profondeurs du cœur humain. Nous partageons dans la prière toutes nos forces : « Aime le Seigneur ton Dieu de toute ta pensée, de toute ton intelligence et de toute ta force… », c'est-à-dire de tout ton être. Lorsque la profondeur du cœur (le cœur tout entier) est impliquée, alors la prière devient forte et fervente : « Il est difficile de retirer l'eau de la bouche de celui qui meurt de soif, et il est encore plus difficile d'ôter la prière de la bouche de celui qui meurt de soif. bouche de celui qui est rempli d'humilité, parce que la prière est aimée de lui et préférée à tout le reste » (Jean de la Paix). « Ne sois pas tiède, ni froid ni chaud, afin que je ne te vomisse pas de ma bouche. »(83).
Une personne plonge au plus profond de son cœur, surtout dans les moments d’adversité, de douleur et d’expériences qui affectent tout son être. Mais le cœur qui aime Dieu a toujours été crucifié avec le Christ et en lui se trouve toujours le combat de la souffrance. La souffrance de la responsabilité, la souffrance de la liberté du péché et des faiblesses. Sans souffrance ni chagrin, les paroles de prière naissent de la bouche comme un mort !
Tout comme la souffrance pour certains vient des difficultés de la vie, dans le cœur du croyant, elle vient de l’amour inextinguible et du désir du divin. « Mon âme a soif du Dieu vivant », « Comme le cerf aspire aux ruisseaux d'eau, ainsi mon âme aspire à toi, ô Dieu. » « Par ton désir, blesse nos âmes. » La blessure génère une prière fervente des profondeurs. Voir l'amour de Dieu au lieu de voir nos faiblesses et nos péchés blesse notre âme. C’est ce qui a poussé le psalmiste à élever la voix vers Dieu pour lui demander pardon, mais avec un « cri : « Du fond des profondeurs, j’ai crié vers toi, Seigneur ».(84). « Tout comme un arbre qui a des racines profondes dans la terre n'est pas affecté par les changements de vent, de même la prière d'un croyant des profondeurs n'est pas interrompue par les affaires du monde » (Chrysostome). Le psalmiste était peiné par son péché, alors il soupira du fond des profondeurs, criant vers le Dieu vivant.
Connaître le péché comme une profonde douleur intérieure ne signifie pas simplement reconnaître un état général dans lequel nous nous trouvons : dire que nous sommes égoïstes ou arrogants ou... Il s'agit plutôt d'une connaissance plus précise d'une situation et d'un événement spécifique qui est une offense à soi-même. au prochain ou à soi-même, et donc à Dieu. C’est « poser la main sur la blessure » et le début d’un engagement à haïr ses causes et à s’en détourner. Sans cette connaissance, notre confession ne sort pas comme un cri du cœur.
(2) O Seigneur, écoute ma voix, laisse tes oreilles ouvertes(85) En écoutant la voix de ma supplication
L’espérance, l’amour de Dieu pour l’humanité et son pardon poussent le psalmiste à crier avec assurance : « Écoute, Seigneur », et prête l’oreille à ma demande. « Ces paroles nous apprennent deux choses », dit Chrysostome : « Le pardon ne vient pas de Dieu seul, si nous ne donnons pas ce qui le rend possible. C'est pourquoi le psaume dit d'abord : Du fond des profondeurs, je t'ai crié, puis il dit : Écoute. Oui, c’est la prière avec des larmes abondantes que Dieu incline donc à nos paroles.
C'est un cri implorant la miséricorde de Dieu. Le psalmiste ici, dans la souffrance de son péché, recourt à Dieu, et il a un sentiment d'indignité, alors il frappe à la porte de la miséricorde. Il est loin de la vue et de l'ouïe de Dieu dans sa vie, alors il l'appelle : "Écoutez ma demande."
(3) Si Tu es un observateur des iniquités, ô Seigneur, ô Seigneur, qui peut tenir debout ?
« Car aucun être vivant ne sera pur devant toi », car il n’y a aucun être humain qui vive et ne pèche, sauf toi seul qui est libre du péché. Le Livre des Proverbes dit : « Qui peut se vanter d’avoir un cœur pur et qui peut prétendre être innocent de péchés ? »(86). Oui, « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu »(87). C’est une condition générale pour les êtres humains, à mesure qu’ils grandissent vers la pleine stature du Christ, ils s’arrêtent sur le chemin de la jouissance des désirs du monde ou s’abandonnent paresseusement à leurs faiblesses. Ce Paul, qui ne resta pas un instant inactif, crie : « Car je ne ressens rien en moi (de négligence). Mais je ne suis pas justifié.(88). Si Dieu nous châtiait par sa colère, aucun être humain n’aurait survécu.(89).
La répétition du mot « Seigneur » signifie un appel d’une part, mais aussi une comparaison d’autre part, que nous sommes des êtres humains et qu’Il est le Seigneur ! Lui seul est sans péché et Lui seul est notre refuge, car sans Lui nous ne pouvons pas tenir.
(4) Parce que c'est un pardon de ta part(90)
Ici, le but du cri du psalmiste devient tout à fait clair : il s’agit d’une demande de pardon. Il ne demandait rien d’autre parce qu’il souffrait avant tout de son péché. Le péché est un état dans lequel nous ne devrions pas être, ou que nous ressentons mais ne faisons rien. Le psalmiste attend le pardon parce qu'il a confessé son péché, il ne l'a pas payé, mais il suffit de le confesser car le pardon vient de la miséricorde et non du mérite. Le savant Origène dit : « La compassion, le pardon et le pardon de Dieu sont apparus dans son Fils, Jésus-Christ. »(91)C’est lui qui nous a personnellement réconciliés avec le Père, a supporté nos chagrins et est mort pour nos transgressions. Comme le dit l’apôtre Paul : Lorsque nous étions encore des pécheurs méritant d’être jugés, il nous a rachetés par l’intermédiaire de son Fils unique, et il n’y a pas de plus grand pardon que celui-ci ! La justice de Dieu est Sa miséricorde et Son jugement est Son pardon, mais pour ceux qui se repentent et sont humbles.
(5) À cause de ton nom, ô Seigneur, j'ai enduré
Le psalmiste plaide ici auprès de Dieu par la gloire de son nom et de sa majesté. Le nom du Seigneur est très exalté et digne de tout honneur de la part de tous. Le nom dans la Bible ne signifie pas simplement distinguer ou définir une chose, mais plutôt sa présence même et résume son caractère. Cette désignation était conforme à l'essence ou au service de la matière nommée. La renommée, la gloire et tout le reste d'une personne sont attachés à son nom(92). Mentionner le nom de Dieu équivaut à mentionner ses actions. Le grand pardon de Dieu et le retour des perdus dans les bras de son Père céleste rendront le nom de Dieu glorifié. Nous avons péché, Seigneur, par faiblesse et par péché, mais nous aimons ton nom et ne voulons pas l'offenser. Sauve-moi, Seigneur, et pardonne-moi, afin que ton nom soit glorifié en moi. La majesté de ton nom me fait attendre ta miséricorde. J'ai péché, tu glorifies ton nom en moi avec le pardon.
§ J'ai été patient avec tes mots
Je médite sur vos paroles, vos alliances et vos soins, afin que mon âme soit patiente face à toutes les difficultés. « Tes paroles durent à jamais » : Tu sauves les pieux, les justes et les repentants(93). « Le ciel et la terre passeront, mais pas une seule de vos paroles ne passera. » Tes promesses m'encouragent à être patient et m'attirent au repentir car tu ne veux pas que le pécheur meure mais qu'il revienne vivre. « Ta parole est vraie ; enseigne-moi, et je comprendrai tes commandements » (Psaume 118). Sur quelles paroles le psalmiste s'appuie-t-il et s'appuie-t-il, demande Chrysostome ? Sur la parole d’amour divin pour l’humanité et de souci transcendant pour la raison.
(6) Mon âme a confiance dans le Seigneur
Le croyant a confiance dans le Seigneur, même si quelqu'un d'autre s'appuie sur des chars, de l'argent et de l'autorité... Le mot « espérance » dans l'Ancien Testament ne signifie pas du tout de simples rêves futurs, mais est plutôt directement lié à la croyance des gens selon laquelle Dieu est présent dans l'histoire et est un acteur qui sauve et discipline... C'est un Dieu aimant qui va vers ses proches. Autrement dit, Dieu nous protège et prend soin de nous, et nous pouvons réellement nous tourner vers Lui dans les moments de détresse. Mon âme a placé ma confiance dans le Seigneur, car Il a prouvé une vérité protectrice et attentionnée qui est plus certaine que les idoles, l'argent et le pouvoir... !
§ De la garde du matin jusqu'à la nuit, de la garde du matin
(7) Qu’Israël ait confiance dans le Seigneur
La veille du matin est la dernière secousse de la nuit(94)C’est-à-dire à « l’aube ». La nuit était divisée en quatre sections, chaque quart durant trois heures. Sur cette base, la garde est répartie et remplacée parmi les soldats. La garde du matin est la quatrième avant le début de la magie, en face du début des travaux et des actes. C’est le temps dans lequel l’homme travaille, peine, affronte, craint ou croit. De l'aube du matin jusqu'au soir - tout au long de la journée et à toutes les heures de la vie et du travail - le psalmiste conseille : Qu'Israël ait confiance dans le Seigneur.
S’appuyer sur Dieu, c’est marcher sous sa protection : « J’ai mis le Seigneur à ma droite, afin que je ne sois pas ébranlé. » Cette présence divine constante tout au long de la journée repose sur une ferme croyance en l’amour et l’attention de Dieu. « Si une mère oublie son enfant allaité, Dieu n’oubliera pas son peuple. » S'appuyer sur Dieu ne signifie pas du tout que nous confions nos affaires à Dieu et que nous soyons paresseux, à Dieu ne plaise ? Cela signifie plutôt que nous vivons dans la crainte de sa présence et que sa « peur » vit en nous. Cette peur n’est pas une relation négative entre Dieu et l’homme, mais plutôt un mouvement positif qui reflète notre engagement envers son amitié et notre fidélité à ses dons et à ses soins. C’est la peur du refus de la gentillesse et le tremblement face à l’effusion de grâce et d’amour.
§ Parce que du Seigneur vient la miséricorde et de Lui le salut en abondance(95)
Nous pouvons compter sur un Dieu aimant, car il est plus miséricordieux qu’il n’est un juste juge à notre égard, et en effet sa miséricorde est abondante. Cette miséricorde nous encourage à nous confesser et à nous repentir. C'est un ami qui ne nous quitte pas même lorsque nous le quittons. Il ne commet pas de péché contre nous, mais attend toujours notre retour. Il est le Dieu de compassion, le Père des miséricordes et le Dieu de notre salut(96).
(8) Il délivrera Israël de tous ses péchés(97)
« Parce que la grandeur de ton amour pour l’humanité dépasse la multitude de mes péchés », dit-on dans la prière Matalibsi. Le dessein de Dieu est notre salut, pas notre jugement, et nous le reconnaissons à travers son histoire avec nous et avec nos pères et saints. Ici apparaît la formule « sauve », l’image proche et absolue de Dieu Sauveur et Rédempteur par une riche miséricorde et non par notre mérite.
(80) Note de bas de page relative au titre : Ce psaume est récité comme séparateur quotidien des vêpres (de la personne en deuil ou du minaon).
(81) Psaume 16, 8.
(82) Luc 8, 10.
(83) Apocalypse 3, 14-16.
(84) « Le cri ici n'est pas l'intensité de la voix, mais la ferveur de la prière » : Chrysostome, [PG 22, 374].
(85) Athanase le Grand explique ici « vos oreilles » comme les groupes angéliques qui portent nos supplications à Dieu : [PG 27, 520].
(86) 20, 9.
(87) Romains 3, 23.
(88) 1 Corinthiens 4:4.
(89) Voir : Apocalypse 6, 17.
(90) Voir : Romains 3 :25 et 1 Jean 2 :2.
(91) Voir aussi : 2 Corinthiens 5 :19.
(92) 1 Samuel 18, 30 ; 2 Samuel 18, 22 ; 1 Rois 4, 31 ; Psaume 72, 17.
(93) « Les paroles de Dieu sont ici ses promesses et sa bonne alliance » : Théodorethos, évêque de Cyrus, [PG 80, 1901].
(94) Voir : Matthieu 14, 25 et Marc 6, 48.
(95) Voir : Marc 2:7.
(96) 1 Cor 1, 30.
(97) Matthieu 1, 21 ; Mésange 2, 14 ; Rév. 1, 5 ; 1 Tim 2:6 ; Gal 3, 13.